Il y a des souvenirs qui nous reviennent en un parfum, une saveur, comme si le temps n’avait pas de prise sur eux. Je revois cet immeuble où j’ai grandi, animé de rires, de discussions, de l’odeur des plats qui mijotaient et nous reliaient les uns aux autres. Dans cet immeuble où chaque porte ouvrait vers une nouvelle culture, j’ai appris la richesse du partage, à travers des traditions qui voyageaient bien au-delà des frontières. Un étage abritait la chaleur des épices tunisiennes, un autre résonnait de l’arôme du thé à la menthe marocain, tandis que les corridors se remplissaient du chant lointain des musiques camerounaises et de l’odeur des pâtisseries turques.
Les saveurs qui relient les cultures
Et puis, il y avait ce soir où, poussée par la curiosité, j’ai franchi la porte de notre voisine jordanienne. C’est là que j’ai découvert le mansaf, ce plat majestueux, simple et généreux, que l’on sert en Jordanie pour les grandes occasions. Autour de la table, tout le monde était invité. Le mansaf n’était pas seulement un plat, il était un moment, une parenthèse où chaque bouchée nous reliait à une histoire plus grande, une culture empreinte de générosité.
Je me souviens du large plateau couvert de pain pita, sur lequel reposait le riz parfumé, l’agneau tendre et juteux, le tout nappé de cette sauce de yaourt si unique, relevée d’épices et d’une touche d’amour. Ma voisine, avec son sourire bienveillant, me servait avec fierté, m’expliquant l’importance du mansaf, ce plat qui symbolise l’accueil, le partage et la tradition. Dans cette cuisine, entre les éclats de voix et les éclats de rires, j’ai compris que chaque plat portait en lui une histoire, un lien invisible qui tissait nos différences dans une même assiette.
Dans cet immeuble, où chaque porte cachait une histoire et où chaque cuisine devenait un lieu de rassemblement, les origines et les frontières perdaient leur sens. Enfants, nous ne savions pas grand-chose des souffrances que certains de nos voisins portaient avec eux, mais avec le temps, j’ai compris que sous les sourires de mes amis palestiniens, jordaniens ou syriens, il y avait des souvenirs de terres éloignées, de familles dispersées, de vies transformées par des histoires que l’on chuchote avec respect. Ce mansaf, préparé avec amour, devenait alors bien plus qu’un repas partagé, il était un symbole de résilience, une promesse de paix.
Un plat, une histoire de solidarité
Aujourd’hui, je pense à ces amis et à leurs familles restées là-bas, dans des pays comme la Palestine, où la dignité et la liberté restent des combats de chaque instant. La saveur des plats traditionnels comme le mansaf m’évoque la richesse de leurs cultures et la force avec laquelle ils protègent leurs racines. Et même si les frontières sont lointaines, mon soutien et mon affection leur sont proches. Car, comme dans notre immeuble où nous partagions repas et histoires, je crois profondément que nous sommes tous unis par une même humanité, une solidarité qui traverse les murs, les frontières et le temps.
Le Mansaf jordanien est donc plus qu’une recette, c’est un symbole d’hospitalité et de partage, une invitation à goûter à la générosité des cultures qui nous entourent. Que cette recette vous inspire, qu’elle vous rappelle la beauté de découvrir de nouvelles saveurs et de tisser des liens à travers les plats. En somme, comme disait ma voisine jordanienne, « Dans chaque bouchée, il y a une histoire et dans chaque histoire, il y a une invitation à partager. »
Pour réaliser un mansaf jordanien, il vous faut :
Pour 4 à 6 personnes
Préparation : 30 minutes, cuisson : 2 heures
Ingrédients
Pour la viande
- 2 c. à soupe de beurre
- 1 kg de viande d’agneau
- 1 oignon émincé
- 2 feuilles de laurier
- 1 bâton de cannelle
- 3 ou 4 capsules de cardamome verte
- 1 cube de bouillon de volaille
- 1 litre d’eau
Pour la sauce
- 1 c. à soupe de maïzena
- 1 c. à soupe d’eau
- 3 yaourts grecs natures
Pour le riz
- 1 c. à soupe de beurre
- 2 verres de riz
- 4 verres d’eau
- ½ c. à café de sel
Pour la présentation
- 4 à 6 pains pita
- Quelques amandes émondées et grillées
- Quelques branches de persil haché
Préparation
- Préparez la viande
Dans une marmite, faites fondre le beurre puis ajoutez les morceaux de viande d’agneau. Faites-les revenir pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’ils soient dorés. Incorporez l’oignon, les feuilles de laurier, le bâton de cannelle, et la cardamome. Ajoutez le cube de bouillon, versez l’eau, puis laissez cuire à feu doux pendant 45 minutes. Découvrez ensuite la marmite et poursuivez la cuisson pendant 15 minutes pour obtenir une viande bien tendre. - Préparez la sauce
Dans une grande casserole, faites chauffer les yaourts à feu moyen, tout en mélangeant avec un fouet pour obtenir une consistance liquide. Délayez la maïzena dans l’eau, puis ajoutez-la à la sauce de yaourt. Incorporez les morceaux de viande avec environ 15 ml de bouillon, portez à ébullition, et laissez mijoter à feu doux pendant 15 minutes. - Préparez le riz
Dans une grande poêle, faites fondre le beurre, ajoutez le riz, puis versez l’eau et le sel. Couvrez et laissez cuire pendant 15 à 20 minutes, jusqu’à ce que le riz soit tendre et moelleux. - Présentez le mansaf
Dans un grand plat, placez au centre un pain pita, puis ajoutez le riz. Disposez les morceaux de viande par-dessus, nappez de sauce, et saupoudrez de persil haché et d’amandes grillées pour une touche croquante. Servez aussitôt.
Astuces pour réaliser un mansaf jordanien:
Si vous avez un peu de temps, préparez un bouillon maison en faisant mijoter des os d’agneau avec des légumes. Cela apportera une richesse supplémentaire au Mansaf et intensifiera le goût de la sauce.
N’hésitez pas à légèrement écraser les capsules de cardamome avant de les ajouter à la marmite. Cela libérera plus d’arômes dans le bouillon. Vous pouvez aussi ajouter une pincée de cumin ou de poivre noir pour une touche de chaleur.
Si vous avez accès à du yaourt fermenté ou du jameed (yaourt séché jordanien), n’hésitez pas à l’utiliser dans la sauce. Le goût sera plus authentique, avec une légère acidité qui fait toute la différence.
Une fois la viande cuite, laissez-la reposer quelques minutes dans le bouillon avant de l’incorporer à la sauce au yaourt. Cela permet à la viande de bien s’imprégner des épices.
Accompagnez le Mansaf de tranches de citron frais, de persil haché ou d’oignons finement émincés. Ces éléments apportent une fraîcheur qui contraste bien avec la richesse du plat.
D’autres recettes traditionnelles à base de viande sont disponibles dans la rubrique viandes, poissons, poulets .
Enfin, si vous réalisez cette recette de mansaf jordanien, n’hésitez pas à taguer @cookandgoute sur Instagram pour que je puisse voir vos belles réalisations !
« Dans chaque bouchée, il y a une histoire et dans chaque histoire, il y a une invitation à partager. »
Laisser un commentaire